À chaque début de saison, nous accueillons des personnes de tous niveaux au Shin'Kyuu Dojo. Certaines anciennes pratiquantes de Karate ou d'autres arts martiaux, d'autres novices en la matière. Et c'est tous les ans un réel plaisir de découvrir de nouveaux visages, les interrogations et objectifs de chacun.

Souvent, dans la bouche des nouveaux arrivants, une question ressort : Y a-t-il des cours pour les débutants ?

Pour faire du karaté à Strasbourg, au Shin'Kyuu Dojo, nous avons trouvé un petite salle douillette nous permettant de proposer deux créneaux dans la semaine pour la pratique de notre art. Nous aurions très bien pu proposer un cours débutants et un cours "avancés"… mais non ! Diviser en deux créneaux aurait réduit le nombre d'heures de pratique au dojo pour chaque membre. De plus nous considérons que la mixité dans les niveaux est la meilleure manière de progresser, aussi bien pour les débutants que pour les niveaux plus confirmés.

Si un « haut gradé » vous dit le contraire, c'est qu'il n'a encore rien compris à l’art qu’il pratique, et aura au moins une chose de plus que vous à apprendre : l'humilité.

Ce que je dis là est peut-être un peu cru, je vais essayer de détailler ma réflexion.

Nous sommes tous, sans exception, passés par la case « néophyte », c’est un passage obligatoire de toute pratique artistique, martiale, sportive… Il nous a tous fallu passer par l’apprentissage des techniques et positions de base, leur répétition à chaque cours, et surtout à la confrontation avec d’autres pratiquants plus gradés que soi. J’imagine, sauf rares exceptions, que l’on a tous un jour pensé qu’en tant que débutant, l’on risquait d’ennuyer les plus anciens, ou de les ralentir dans leur progression. Ce sont même des choses que j’ai personnellement ressenties dans mes débuts, et que j’entends désormais de la bouche des nouveaux pratiquants. Avec le recul je suis presque plus gêné qu’eux…

S’il est une chose essentielle dans le karatedo, c’est bien la notion de partage. Notre art martial, comme d’autres, se pratique sur la durée, aussi longtemps que possible, et s’enrichit au fil des années des contacts que l’on a avec les autres pratiquants. C’est un art dans lequel on donne beaucoup, et quand on donne, on finit toujours par recevoir. On ne donne ou ne reçoit pas tous au même niveau, mais un échange se fait nécessairement. Là où le débutant va apprendre la technique et la patience, l’ancien va quant à lui développer des capacités altruistes, de pédagogie et de patience également (fort probablement :p)

Une ceinture blanche en pleine progression

Et même sur le plan technique, il est plus facile pour un ancien de placer une technique de contre-attaque sur un partenaire gradé, que sur un débutant, car le gradé respecte un déplacement que le débutant n’a probablement pas encore appris. Cela reste donc très enrichissant pour un ancien de pratiquer avec un débutant, aussi bien techniquement que sur le plan de son ego.

Il me parait évident que dans un dojo, les débutants ne soient pas les seuls à apprendre, je suis même persuadé que les anciens en apprennent beaucoup de ces premiers. N’hésitez donc pas, par vous mêmes, à vous inscrire dans des cours de tous niveaux, et si vous l’êtes déjà, à solliciter une ceinture noire : elle aura autant à apprendre de vous que vous d’elle. Si ce n’est pas sur l’aspect technique, ce sera au moins sur le plaisir de partager cet art que l’on pratique. Après tout, c’est un chemin qui est long et passionnant, autant le faire ensemble !

Écrit inspiré des articles de Stéphane Crommelynck,
avec son aimable autorisation.